Parmi les expériences de la vie quotidienne , je crois qu'aller à la pharmacie est l'une de celles qui diffèrent le plus entre les États-Unis et la France. Avec Tipoulet, heureusement, c'est moins quotidien que ce que j'imaginais avec un petit enfant.
Ça a fait l'objet de nombreuses conversations avec d'autres expats européens, qui généralement n'en reviennent pas qu'on puisse pondre un truc aussi compliqué.
1) D'abord, on ne va pas à LA pharmacie, on va à SA pharmacie. Votre médecin ne vous donne généralement pas votre ordonnance, il l'envoie (fax, email) directement à la pharmacie que vous lui indiquez. Et donc c'est là que vous récupérez vos médicaments. Un ami à nous, pas encore familier avec le système et qui donc ne savait pas qu'il devait avoir sa pharmacie attitrée, est allé de pharmacie en pharmacie avec son ordonnance et son rhume sans jamais pouvoir acheter les médicaments qu'il lui fallait. Car,
2) si vous arrivez devant le pharmacien avec votre ordonnance à la main, il lui faudra du temps pour préparer votre commande. Assez pour que vous renonciez parfois à attendre, et tentiez votre chance à une autre pharmacie... et bis repetita.
Il y a deux semaines, j'ai appelé ma pharmacie pour qu'ils préparent mon ordonnance de pilule (on touche du bois, comme on n'est pas trop malade dans la famillle, mes besoins en pharmacie se limitent généralement à ça). À 10h du matin. On m'a répondu: "Pas de problème, ce sera prêt à 17h." Bah si.
3) Ce qui nous amène naturellement au 3e point: pourquoi leur faut-il tant de temps?
Déjà, parce qu'ils doivent compter les comprimés et les mettre dans une boîte neuve, sur laquelle ils collent une étiquette avec la description du contenu, le nom du patient, etc... Parce que si le médecin vous prescrit 11 comprimés, on vous vend 11 comprimés. J'étais prête à croire que ce soit un moyen de limiter le gaspillage, mais un ami américain pense que c'est plutôt pour faire baisser les coûts de production des boîtes pharmaceutiques...
Ce à quoi ressemble les médicaments
What medicines look like
aux États-Unis - in the U.S.
et en France - and in France
Ensuite, parce qu'il y a moins de pharmacies, que la plupart sont des chaines, et que du coup, ils doivent avoir plus de patients à gérer (voir point numéro 4).
Enfin, parce qu'ils doivent se dépatouiller avec les différentes assurances médicales (voir point numéro 5) pour le remboursement (on ne paie "que" notre part, l'assurance médicale, s'il y a, paie la sienne directement)
Ah, et puis faut répondre au téléphone et aller chercher les faxs, aussi, du coup...
4) Contrairement à ce qui existe en France, il n'y quasiment pas de petites pharmacies de quartier, appartenant aux pharmaciens. Ici, ce sont très majoritairement des chaines, Walgreens, CVS, pour en citer quelques unes. Moi, je vais chez celle de mon supermarché, par exemple.
Du coup, forcément, la densité de pharmacies n'est pas la même au km2 à Paris ou à Palo Alto. À vue de nez, il y a environ 30 à 50% fois plus de pharmacies par habitant à Paris que dans la région de San Francisco.
les cartes sont à la même échelle - the maps are at the same scale
5) Comme dans le reste du système de santé américain, la plupart des gens ont des assurances privées, et le choix entre des centaines de plan différents. Ça complique le truc, pour le pharmacien, mais aussi pour le patient.
Par exemple, certaines pharmacies n'acceptent pas toutes les assurances. Bah faut changer de pharmacie.
Ou vous changez d'assurance, et les rembourements sont différents. Anecdote perso: en décembre, ma gynéco (encore, je sais) m'a prescrit une nouvelle méthode de contraception qui n'est pas une pilule, mais un anneau contraceptif. Or au 1er janvier, j'ai changé d'assurance. J'ai donc appelé les 2 compagnies d'assurance pour connaître leurs conditions de remboursement. Avec la nouvelle, je paie $20 de ma poche, le reste est couvert. L'ancienne, par contre, considère l'anneau comme un implant, pas comme un médicament, donc ne le couvre pas. Du coup, j'aurais dû payer de ma poche, puis envoyer la facture à mon assureur "médical" (et non "médicament"), et comme je n'appartiens pas à leur réseau de practiciens (bah non, je suis la PATIENTE), c'est le barême hors-réseau qui s'applique, c'est-à-dire rien de remboursé avant d'atteindre la franchise de $300... Bah si.
6) Autre différence notoire: ici, au comptoir d'une pharmacie, vous pouvez trouvez des Twix. Ou des M&M's. Ou des appareil-photos jetables. Ce qui fait qu'ils ont moins de place pour stocker des choses moins essentielles, comme des vrais désinfectants, ou des élastoplasts. C'est du vécu...
7) Et pour finir le prix des médicaments est souvent choquant pour les Français. Allez, pour vous faire plaisir, je reprend l'exemple de l'anneau contraceptif: 12 à 15 euros par mois en France, non-remboursé par la Sécurité Sociale, contre 50 à 60 dollars ici sans assurance... Finalement, à $20 je m'en sors pas si mal....
Among everyday life experiences, I think that going to the pharmacy is one of those that differ most between the US and France. With Tipoulet fortunately, we're not there as often as what I had imagined with a small child.
It has been the subject of many conversations with other expats from Europe, who generally can't believe things can be so complicated.
1) First, you don't go to THE pharmacy, you go to YOUR pharmacy. Your doctor doesn't usually give you your prescription, but sends it (by fax, or email) directly to the pharmacy that you specify. So that's where you get your medications. A friend of ours, not yet familiar with the system and therefore who did not know he had to pick a pharmacy, went from pharmacy to pharmacy with his prescription and a bad cold without ever getting the medicine he needed. That's because,
2) if you arrive at the pharmacy with your prescription in hand, it will take time to prepare your order. Enough for you to give up, and try your luck at another pharmacy ... and go throught the same thing again.
Two weeks ago, I called my pharmacy and asked them to refill my prescription (birth control pill - break a leg, since we are not sick too often, my pharmacy needs are generally limited to that). At 10am. They replied: "No problem, it will be ready by 5pm." No kidding.
3) This brings us to the 3rd point: why do they need so much time?
First, because they have to count pills and put them in a new box, on which they stick a label with the drug description, patient name, etc. ... Because if your doctor prescribed 11 tablets, you will get 11 tablets. I wanted to believe that this was a way of reducing waste, but an American friend thinks that it is rather to decrease production costs of pharmaceutical companies ...
Then, because there are fewer pharmacies, they probably handle more patients (see number 4).
Finally, because they must deal with the various insurance companies (see point number 5) to get reimbursed (we pay "only" our co-pay, the insurance, if any, picks up the rest directly)
Oh, and they need to answer the phone and pick up the faxes, too...
4) Contrary to what exists in France, there are almost no independant small pharmacies, owned by pharmacists. Here they're most of the time owned by chains, like Walgreens, CVS, to name a few. I'm going to the one at my supermarket, for example.
So, obviously, the density of pharmacies is not the same per km2 in Paris and Palo Alto. At first glance, there are probably 30 to 50% more pharmacies per capita in Paris than in the Bay Area.
5) As in the rest of the U.S. health care system, most people have private insurance, and the choice between hundreds of different plans. This complicates the trick for the pharmacist, but also for the patient.
For example, some pharmacies do not accept all insurance plans. You have to switch pharmacy, then.
Or your insurance changes, and reimbursements are different. Personal anecdote: in December, my OBGYN (again, I know) prescribed a new birth control that is not a pill, but a contraceptive ring. But on January 1st, I changed insurance. I called the 2 insurance companies to check their coverage. With the new one, I pay $20 out-of-pocket, the rest is covered. The old one, though, considers the ring as a device, not as a drug, thus does not cover it. So, I would have had to pay out-of-pocket, then send the bill to my "medical" plan (not the "prescription" plan), and since I do not belong to their network of practitioners (of course not, I am A PATIENT) it would have been considered out-of-network, meaning no reimbursement before the $300 deductible... Lovely.
6) Another notable difference: here, at the pharmacy counter, you can find Twix. Or M & M's. Or disposable cameras. So they have less space to store less critical things such as real disinfectants, or elastoplast.
7) And finally, the price of drugs is often shocking to the French. Alright, if you insist, I'll pick the example of the contraceptive ring again: 12 to 15 euros ($15 to $20) per month in France (not reimbursed by Social Security, but with prices controlled by the state), vs. 50 to 70 dollars here without insurance ... In the end, at $20, I'm not doing too bad ....
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