Monday, November 5, 2012

The day before tomorrow

Demain, enfin, les Américains votent. Il était temps, après 18 mois de campagne. Si tout se passe bien, Obama devrait l’emporter, mais ayant déjà vécu une très mauvaise surprise de soirée électorale, je serai quand même un peu anxieuse jusqu’au bout.
J’ai suivi la campagne américaine de bien plus près que la présidentielle française cette année, mais il y a un tas de “détails” qui me la rendent étrangère malgré tout.

1- le scrutin:
l'élection est, comme chacun sait sûrement, au suffrage universel indirect: les citoyens élisent les Grands Electeurs de leurs Etats (538 en tout), qui eux-mêmes éliront le Président et le Vice-Président. Ce qui a plusieurs inconvénients (et peut-être des avantages, mais qui m'échappent, donc n'hésitez pas à les mentionner dans les commentaires):
        1a - à cause de la règle "Winner-takes-all" qui s'applique dans la vaste majorité des Etats, le Président peut théoriquement être élu avec une minorité du vote populaire, et on s'en souvient, c'est arrivé en 2000 (Bush vs. Gore);
        1b - le poids de votre vote dépend très largement de l'endroit où vous vivez : par exemple, celui d'un habitant d'Alaska pèse 3,5 fois plus lourd que celui d'un Californien;
        1c - plus le scrutin approche, et plus tous les Etats s'effacent devant les 9 sacro-saints Swing States (les États-clés, ceux dont le gagnant est incertain), dont dépend en fait le résultat de l'élection;
        1d - il faut être sacrément balèze en statistiques (ou sacrément grande-gueule) pour émettre un pronostic, puisqu'il s'agit donc de pronostiquer le résultat de non pas 1, mais 9 élections (voir 1c).

2- le financement:
en France, la régulation du financement des partis politiques et campagnes électorales s'est accrue dans la dernière décennie, alors qu'ici, c'est l'inverse, depuis Citizens United et les Super Pacs, c'est encore pire qu'avant. Les candidats peuvent dépenser autant qu'ils le veulent/peuvent, et passent du coup leur temps à essayer de lever des fonds. Depuis 2008, je suis sur quelques listes email du parti Démocrate (ou organisations libérales), et j'ai été bombardée (jusqu'à 5 emails, les bons jours) de sollicitations de dons.

3. le jour du vote:
est un mardi. Ce qui veut dire que pour voter, il es possible que tu aies à prendre un jour de congé. Moi aussi, ça m'a étonnée, mais c'est historique, et c'est dans la constitution (ou presque), voyez-vous. Donc, on ne discute pas pour savoir si ça ne serait pas plus pratique de le faire un jour de week-end, comme tous les autres pays du monde, grosso-modo.

4. avant le vote:
comme malgré tout, voter le mardi, ça craint, la majorité des Etats (mais pas tous) permet à ses résidents de voter en avance, en personne et/ou par correspondance. Et comme beaucoup d'entre eux connaissent l'affiliation politique des électeurs et relarguent des stats sur ceux qui votent en avance, on connait généralement les tendances avant la date officielle du scrutin.

5. où et comment on vote:
les Etats (et jusqu'aux comtés) sont en charge des détails pratiques du déroulement du scrutin. Ce qui veut dire, par exemple, que le Secrétaire d'État de l'Ohio peut changer les règles de vérification de l'identité des votants 4 jours avant le scrutin si le coeur lui en dit, ou que les horaires d'ouverture des bureaux peuvent être à géométrie variable, créant des files d'attente de parfois plus de 7 heures.

Alors voilà, moi, petite étrangère Californienne dont le vote (symbolique) compte effectivement pour 0, je vais attendre le résultat de cette élection, demain, dans un mélange d'angoisse, de curiosité et d'excitation.

Tomorrow, finally, Americans will vote. It is about time, after 18 months of campaigning. If all goes well, Obama should win, but having experienced a very unpleasant surprise on one election night in the past, I will be a little anxious until the end.
I followed the US presidential campaign much more closely than the French one this year, but there are a lot of "details" that still make it foreign to me.
1 - the election:
as everyone surely knows, Americans elect their President through indirect universal suffrage: they elect the members of the Electoral College within their States (538 in total), who in turn elect the President and Vice-President. This has several disadvantages (and perhaps advantages, but these weren't apparent to me, so do not hesitate to point them out in the comments):
        1a - because of the "Winner-takes-all" rule that applies in the vast majority of the States, the President may theoretically be elected with a minority of the popular vote, and as you remember, it happened in 2000 (Bush vs. Gore);
        1b - the weight of your vote depends very much on where you live, for example, the vote of an Alaska resident weighs 3.5 times more than one of a Californian;
        1c - the closer Election Day gets, the more all states fade in front of the 9 powerful Swing States, which determine in fact the result of the election;
        1d - you must be a statistics god (or full of it) to make a prognosis, since you in fact need to predict not one, but nine elections result (see 1c).
2 - the finances:
in France, regulation of political parties and electoral campaigns financing has tightened in the last decade, but here it is the opposite, since Citizens United and the Super Pacs, it is even worse than before. Candidates can spend as much as they want/can and are constantly trying to raise money. Since 2008, I have been on a few email lists of the Democratic Party (or other liberal organizations), and I have been bombarded (up to 5 emails, on a good day) with solicitations for donations.
3. election day:
is on a Tuesday. This means that you may have to take a day off work to vote. I know, I was surprised, too, but it is historical, and it is in the constitution (or kind of), you see. So, we can not even ask whether it would not be more convenient to have it on a weekend instead, like pretty much every other country in the world.
4. before the vote:
since after all, voting on a Tuesday sucks, most states (but not all) allow their residents to vote early in person and/or by mail. And because many of them register their voters by political affiliation and release hard numbers on those who vote early, usually we know the trends before the official date of the election.
5. where and how you vote:
States (and even counties) are in charge of the practical details of the electoral process. This means, for example, that the Secretary of State of Ohio can change the rules for verifying the ID of voters four days before the election if he's so inclined, or that the polling stations opening hours can be variable, creating lines sometimes more than 7 hours long.
So here I am, little foreigner in California whose (symbolic) vote actually accounts for 0, I'll wait for the outcome of this election tomorrow, with a mix of anxiety, curiosity and excitement.

2 comments:

  1. Merci pour ce post très détaillé . Nous aussi, nous attendrons avec angoisse et curiosité. Moins dans l'excitation, car nous dormirons une bonne partie du temps, décalage horaire oblige.
    Allez Obama , yes you can !

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  2. Le président est élu par les États, pas par les Américains. D'où ce mode de désignation un peu étrange. Ceci dit, on a des choses équivalentes en France. Par exemple, l'élection à la mairie de Paris est l'addition de 20 élections municipales dans les arrondissements. Au final, le résultat ne dépend qu'au 2ème ordre du nombre d'électeurs, et bien plus de leur répartition. Idem pour les législatives.
    Pour le winner takes all, il me semblent que quelques États ne le pratiquent pas. Ceci dit, c'est une tradition anglosaxonne qui pratique beaucoup le scrutin uninominal à un tour et très peu le scrutin de liste ou l'uninominal à 2 tours.

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